« Parfois, il ne faut pas tourner la page…il faut carrément changer de livre ! »

La thérapie des Schémas

Une vision du monde…et des schémas répétitifs

Nous avons parfois l’impression de tourner en rond dans nos comportements, de revivre encore et encore les mêmes événements.

  • Vous vous attachez à des personnes indisponibles ou distantes ?
  • Vous craignez la trahison, le mensonge, la manipulation ; et vous préférez vous protéger en vous barricadant derrière un mur de méfiance ?
  • Vous avez l’impression que personne ne s’intéresse à vous, ou ne vous comprend pas ?
  • Vous placez les besoins des autres avant les vôtres ?
  • Vous considérez que vous avez moins de valeur que les autres ? d’être imparfait ?

Un schéma est une disposition qui prend sa source dans l’enfance et influence toute notre vie. Il est issu de ce que nous ont fait subir notre famille ou nos jeunes amis. Nous avons été abandonnés, critiqués, surprotégés, nous avons été victimes d’abus, du rejet de notre entourage ou de privations, toutes choses qui ont entraîné des traumatismes. Au bout d’un certain temps, le schéma s’intègre étroitement à notre personnalité.

Les schémas de pensée inadaptés sont reliés à des structures neurobiologiques (des réseaux), impliquant à la fois des émotions et des croyances qui ont été sélectionnées par l’évolution. Ils sont stockés dans la mémoire à long terme (et plus précisément dans sa composante sémantique).

Les  5 besoins affectifs fondamentaux

  1. La sécurité liée à l’attachement aux autres (stabilité, sécurité, éducation attentive, acceptation)
  2. L’autonomie, la compétence et le sens de l’identité
  3. La liberté d’exprimer ses besoins et ses émotions
  4. La spontanéité et le jeu
  5. Les limites et l’autocontrôle

D’où vient la thérapie des schémas ?

« Et ça continue, encore et encore…C’est toujours le même film qui passe… »

“La Thérapie des Schémas” a été créée par le psychologue américain Jeffrey Young dans les années 1990. Il a été formé aux thérapies cognitives classiques par Albert Ellis et Aaron Beck, avant d’élaborer sa théorie. Cette théorie s’inscrit aujourd’hui comme un aspect fondamental de la thérapie comportementale et cognitive (TCC).

Cette approche est particulièrement adaptée pour mettre en lumière l’origine des symptômes de la dépression, de l’anxiété, des troubles du comportement alimentaire, les problèmes de couples ou encore la rechute des personnes dépendantes et d’une façon générale lorsque nous ressentons un malaise réel avec des problèmes vagues, chroniques et envahissants.

La théorie de Young se base sur les Schémas Précoces Inadaptés (SPI) qui peuvent nous emporter dans des scénarii de vie problématiques, qui se répètent inlassablement.

« Le cerveau d’un enfant est une véritable éponge »

En partant du postulat de base que durant notre enfance, nous sommes directement impactés par notre environnement, car le cerveau d’un enfant de 0 à 2 ans fonctionne en ondes Thêta et de 2 à 6 ans en ondes Delta. Ce qui signifie qu’avant “l’âge de raison” nous n’avons aucune faculté d’analyse et nous enregistrons tout ce que nous entendons comme “argent comptant” et vivons comme de vrais éponges (exemple : T’es nul ! T’es bien comme ton père ! Quel maladroit ! T’es une grosse cochonne… etc…). Donc attention aux critiques et aux histoires que nous lançons aux enfants.

Les caractéristiques des Schémas

  • Ils sont constitués d’un mélange de souvenirs, d’émotions, de pensées (de cognitions) et de sensations corporelles
  • Ils apparaissent au cours de l’enfance et de l’adolescence en tant que représentations de l’environnement et sont basés sur la réalité.
  • Ils sont élaborés pour se nourrir et perdurer durant toute la vie, car nous avons tendance à sélectionner des situations de vie et des relations humaines qui vont nourrir nos croyances. 
engrenage

« Les Schémas se battent pour survivre »

  • La nature dysfonctionnelle des schémas se manifeste plus tard au cours de la vie (normal, puisqu’ils traduisent une adaptation de l’enfant à son environnement). Quand nous commençons à perpétuer nos schémas dans nos interactions avec les autres, sur la base de perceptions qui ne sont plus exactes, ni adaptées.
  • Ils ne sont pas tous traumatiques (exemple : un environnement trop protecteur ou trop permissif…).
  • Ils sont multidimensionnels et peuvent avoir différents niveaux d’envahissement et de gravité dans notre vie.
  • Un schéma n’est pas seulement une croyance dont nous pouvons parler à quelqu’un avec un raisonnement logique, il devient une partie de notre identité, une partie de notre conscience de soi.
engrenage

Quels sont mes schémas ?

18 schémas sont regroupés à l’intérieur de 5 grandes catégories de besoins affectifs non comblés.

« Les schémas se sont engrammés comme des programmes informatiques dans notre cerveau »

1. Séparation & Rejet

Difficile de créer des liens durables et sûrs avec les autres. Je « pense » que mes besoins de stabilité, de sécurité, d’attention, d’amour et d’appartenance ne seront jamais comblés. Souvent, mes figures d’attachement ont été défaillantes (sans les blâmer) instables, maltraitantes, froides, rejetantes, ou coupées du monde.

Ce domaine est de loin, le plus constitutif de ce que nous sommes, et qui fait résonnance dans nos comportements, souvent répétitifs et douloureux.

Abandon / Instabilité

Je crois que les personnes ne continueront pas à me donner appui, amour, ou protection; j’ai appris que que rien n’était stable dans les relations, et j’ai développé un style d’attachement « insecure » soit « anxieux » , soit « évitant »

Typique d’un schéma d’abandon, et de méfiance / abus, Michel, victime d’abus sexuels répétés quand il avait 7 ans,  témoigne « Je m’attends à ce que les personnes me quittent; je tombe amoureux avec des gens qui ne veulent pas s’engager et quand ils veulent, je fais tout pour les dégouter; je suis obsédé par l’idée que les gens que j’aime vont me quitter, que j’en arrive à les éloigner« 

Il a aussi développé une forte capacité à se dissocier de ses propres émotions pour se protéger, et ainsi vivre de façon fonctionnelle

Méfiance / Abus

Je m’atttends à ce que les autres me fassent souffrir, me maltraitent, me mentent, trichent et profitent de moi.

Carences affectives

J’ai la certitude que les autres ne me donneront pas le soutien affectif, de l’attention, de la compréhension

Imperfection / honte

Je me juge imparfait, inférieur ou incapable. Je suis souvent hypersensible aux critiques, au rejet.

Isolement social

Je suis isolé ou différent des autres; j’ai l’impression d’être terne et ennuyeux dans les réunions sociales; j’ai toujours l’impression de rester en marge des groupes

Yseult se sent inférieure, différente, peu désirable , elle est très anxieuse à se confronter aux autres dans des réunions sociales. Elle voudrait participer aux conversations. Elle se sent différente.Elle ne parvient pas à rester elle même, appréhende le moindre faux pas, craint les discussions intimes.

Dès le primaire, elle a subi les quolibets de ses camarades; elles avaient sauté 2 classes et s’était réfugiée dans la lecture, confortée par ses parents, qui trouvaient que les autres enfants étaient sans intérêt et puérils.

Aujourd’hui, elle préfère vivre seule, de peur se confronter à l’autre.

2. Manque d’autonomie & de performance

J’ai du mal à me débrouiller tout seul et entreprendre de nouvelles tâches sans être guidé et conseillé. Souvent, le quotidien me dépasse et j’ai l’impression d’être submergé par toutes ces demandes. J’ai parfois l’impression de ne pas avoir la force et d’être écrasé. « il y a tant de choses que je ne sais pas faire », et j’ai tant de mal à prendre des décisions.

Dans mon enfance, mes figures d’attachement m’ont surprotégé, faisaient tout à ma place, ou à l’inverse me laissaient me débrouiller tout seul.

Dépendance / Incompétence

Je me sens incapable de faire face  aux responsabilités quotidiennes; j’ai du mal à prendre des initiatives.

Je prends peu de décisions; je minimise mes succès et grossis mes échecs; je ne vis qu’à travers mon conjoint, ou mes parents

A retenir !

Les 5 domaines des schémas

  1. Séparation & rejet
  2. Manque d’autonomie & de performance
  3. Manque de limites
  4. Orientation vers les autres
  5. Survigilance & Inhibition

Schéma probable d’abandon & de carence affective en chanson

Avec l’aimable participation de Camille Lelouche & de Grand Corps Malade

Blessure d’attachement

Avec l’aimable participation de Julie Zenatti

La thérapie des Schémas en vidéo

Marion Martinelli.

Peur du danger / Maladie

J’ai une peur exégérée de la maladie; je pense qu’une catastrophe peut survenir à tout moment, ce qui m’amène à des comportements évitants et à de l’anxiété pour moi et mes proches.

Fusionnement / Personnalité atrophiée

Je suis excessivement fusionnel avec une figure parentale; j’ai l’impression que je ne pourrai survivre émotionnellement sans l’autre. A l’excès, je n’ai pas vraiment d’identité propre.

Echec

J’ai la croyance que j’ai échoué et que j’échouerai toujours; souvent, je me juge stupide, sans talent, sans intérêt. Je peux m’autosaboter ou procrastiner pour confirmer inconsciemment mon schéma.

Quels sont mes schémas ?

3. Manque de Limites

« Tout m’est dû, je suis unique, et je n’en fais qu’à ma tête »

Je tolère mal que l’on me dise « non »; je me fâche ou boude quand je n’obtiens pas ce que je veux.

J’agis par impulsion, mes émotions dictent mes actes, et cela me crée parfois des problèmes ou des conflits avec les autres.

Je suis facilement frustré et je capitule dès que je n’atteins pas mon but. D’ailleurs, je préfère la gratification immédiate que les projets à long terme.

Le milieu familial typique est représenté par des parents faibles, trop indulgents, qui n’ont pas su définir une discipline, un cadre avec des limites ou bien qui s’estiment supérieurs aux autres.

Droits personnels exagérés

Je me sens supérieur aux autres, et en conséquence, j’ai des droits spéciaux et des privilèges. Je ne me sens pas lié par les règles de réciprocité qui guident les relations sociales classiques. Je peux obtenir ce que je veux, quoi qu’il en coûte aux autres. Je me montre dominateur, exigeant, et je manque d’empathie.

Autodiscipline insuffisante

Je supporte mal d’être frustré et je laisse mes émotions et mes impulsions guider mes comportements. J’évite ce qui m’est pénible, la souffrance, les conflits.

4. Centration excessive sur autrui

« Je fais toujours ce que tu veux »

J’attache une importance excessive aux besoins des autres, négligeant les miens. J’agis ainsi pour obtenir leur approbation, pour maintenir le lien affectif, pour éviter des représailles ou d’être abandonné. Je donne souvent plus que je ne reçois, et je permets aux autres de me dominer. Je n’ai pas conscience de mes propres émotions et mes envies personnelles. Je suis hypersensible aux souffrances des autres.

Il existe presque toujours une colère refoulée, provoquant des comportements passifs-agressifs, des explosions de colère non contrôlées, des symptômes psychosomatiques, ou retrait affectif.

Caractéristique d’un schéma Centration sur autrui schéma assujetissement, Géraldine, 24 ans, se sent prisonnière de sa relation avec son mari, qu’elle décrit comme dominateur et autoritaire. Elle a l’impression d’être son esclave, se soumettant à ses moindres désirs ou caprices. Il se montre très exigeant, lui interdisant de sortir pour voir des amies. Elle craint la réaction de son conjoint, si elle le quittait; elle croit que son devoir est de rester pour les enfants.

Elle a l’impression de revivre la relation avec son père, qui la maltraitait psychologiquement.

Assujetissement

Je me soumets excessivement au contrôle des autres. J’ignore mes propres besoins ou désirs et mes émotions, notamment la colère. 

Abnégation

Je tente volontairement de satisfaire les besoins des autres au détriment des miens. J’agis dans le but d’épargner de la douleur aux autres, d’éviter la culpabilité, de gagner de l’estime personnelle ou de maintenir une relation affective. Ce schéma est souvent lié au schéma de manque affectif.

Approbation & Reconnaissance 

J’ai un besoin excessif d’attention, de l’estime et de l’approbation des autres, au détriment du développement d’une personnalité authentique. J’accorde une part exagérée aux apparences, à la concurrence, à la réussite pour obtenir attention, admiration.  Je suis souvent hypersensible au rejet.

Quelques conseils pour modifier votre schéma d’assujettissement

Prendre conscience de son schéma
– Enumérer les situations, au travail et à la maison où votre schéma s’active
– Enumérer ce que vous faites pour les autres; ce qu’ils font pour vous
– Communiquer sur vos propres besoins, vos envies, en utilisant la communication non violente (CNV)
– Commencer par des « petits » non

Quels sont mes schémas ?

5. Sur-Vigilance & Inhibition

« Ce n’est jamais suffisant »

Je réprime l’expression spontanée de mes sentiments et de mes impulsions. Je contrôle exagérément mes réactions, mes choix, pour éviter les erreurs ou pour maintenir des règles personnelles rigides. Je néglige plaisirs, loisirs. Typiquement, j’ai eu des figures parentales sans joie, strictes, hypervigilantes, où le contrôle de soi était déterminant. Dans ma famille, le travail, le devoir, le perfectionnisme, l’obéissance, la maitrise des émotions, étaient des considérations importantes. 

Négativité / Pessimisme

Je suis centré sur les aspects négatifs de la vie et minimise les côtés positifs. J’ai une peur exagérée de commettre des erreurs, et j’en crains les conséquences (ruine, humiliation, perte…) Je suis souvent anxieux, pessimiste et indécis.

Surcontrôle émotionnel

J’exerce un contrôle excessif sur mes réactions spontanées pour éviter de perdre le contrôle. J’inhibe la colère, contrôle mes impulsions positives. J’ai du mal à reconnaitre mes propres faiblesses ou à exprimer mes besoins personnels. J’accorde davantage de place à la raison qu’aux émotions.

« Je fais en sorte que tout soit parfait…On garde ses émotions pour soi« 

Idéaux exigeants

J’ai une préoccupation constante à correspondre à de hauts standards, dans le but inconscient d’éviter la désapprobation, le jugement ou la honte. Je mets une pression permanente et une critique continue envers moi-même et les autres. 

Ce schéma se manifeste par du perfectionnisme, des règles rigides (devoir, morale, …), une préoccupation constante du temps et de l’efficacité (toujours faire plus et mieux)

J’ai parfois des problèmes de santé liés au stress, et une altération dans les relations interpersonnelles.

Punition

Je crois que les gens méritent d’être punis quand ils font des erreurs, y compris moi. Je peux être moralisateur et intolérant. Je n’admets pas l’imperfection humaine, et j’ai des difficultés à éprouver de l’empathie.

Le schéma de punition est souvent lié à d’autres schémas, notamment Idéaux exigeants et Imperfection.

Hugues, 50 ans, a réussi professionnellement. Il dirige un établissement de 250 collaborateurs. Il démontre beaucoup d’autorité dans son travail, travaille sans relâche, et fonce sans cesse y compris dans ses loisirs. Il ne supporte pas la médiocrité, le désordre, l’à peu près, ni chez lui, ni chez les autres, ce qui engendre des colères qu’il tente de refouler. Il fait des listes de choses à faire et met une pression constante sur ses équipes et son entourage.

Son père avait des exigences personnelles élevées, et n’hésitait pas à critiquer ses enfants pour des résultats scolaires ou sportifs. Hugues a souvent entendu « tu dois être le meilleur, seul le travail paie… »

Il consulte, suite aux injonctions de son médecin traitant, pour une irritation du colon, et des migraines répétitives, sans doute liés au stress.

Les Styles d’adaptation dysfonctionnels

Styles d'adaptation dysfonctionnels

 

 

Nous avons 3 attitudes face aux schémas : 

  • La Soumission
  • l’Evitement ou la fuite
  • la contre-attaque ou la Compensation 

 

Soumission

 

« J’accepte que le schéma est vrai. Mon comportement le confirme »

Absence de solutions- Etat impuissance – Choix de partenaires suceptibles de confirmer le schema – Evite les conflits – Fait Plaisir – Passivité

Evitement

 

« Je bloque les images et les pensées qui sont suceptibles d’activer mon schéma »

Retrait comportemental et psychologiqueBloque ses pensées et images – Déni de réalité – Politique de l’autrucheConduites addictives

Compensation

« Je combats le schéma par des pensées, des émotions, des comportements opposés, souvent excessifs

AgressivitéHostilité – Affirmation de soi excessive – Manipulation – ObsessionnalitéComportement passif-agressif

 

Les  étapes du diagnostic et du changement des Schémas

  1. Phase de diagnostic et d’information du patient (Questionnaire d’historique de vie, questionnaire des schémas et des modes, exercices d’imagerie, explications des schémas pour une prise de conscience)
  2. Phase de changement (techniques cognitives, émotionnelles, comportementales)

La thérapie des schémas est particulièrement collaborative entre le patient et le thérapeute.

Sources et Inspiration 

Sites internet 

www.cefti.fr
www.youtube.com La Psychiatrie au soleil. Marion Martinelli

Livres

« La thérapie des schémas, approche cognitive des troubles de la personnalité », de Jeffrey E.Young

« Je réinvente ma vie », de Jeffrey E. Young & Janet S. Klosko

« La thérapie des Schémas, Principes et outils pratiques », de Bernard Pascal 

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